"Dieu est un fumeur de havane
Je vois ses nuages gris
Je sais qu'il fume même la nuit
Comme moi ma chérie
Tu n'es qu'un fumeur de gitanes
Je vois tes volutes bleues
Me faire parfois venir les larmes aux yeux
Tu es mon maître après Dieu"
Gainsbourg a disparu avant de voir sa chanson censurée par un CSA quelconque, ou de l’entendre précédée d’un avertissement à destination des jeunes. Nous-mêmes allons prendre des précautions : fumer nuit gravement à la santé, fumer tue, fumer peut rendre impuissant (pour les hommes), fumer peut contrarier une grossesse (pour les femmes). Cet avertissement dûment lancé, faisons l’éloge de cette merveilleuse invention tabagique qu’est le cigare.
Article "L'art de fumer le cigare" © nouvellestentations.com
Photo en-tête : Paul Wagner
Tout vient encore de Christophe Colomb et des siens. On dit qu’un dénommé Jerez, en 1492, découvrit un indien Taïno avec, entre les lèvres, un « bâton de feuilles » qui faisait de la fumée et du feu. Essayant lui-même cette curiosité, il est conquis et rapporte sa découverte à Madrid… où cette image diabolique d’une fumée provenant du corps d’un homme lui vaut d’être condamné par la Sainte Inquisition à deux ans de prison. Que la loi Evin nous paraît douce.
Après, ma foi, grâce en soit rendue à Nicot et consorts, les fumeurs de cigare connaîtront un destin plus paisible. On connaît tous les fumeurs de cigares célèbres. Citons-en trois, emblématiques à de nombreux égards : Churchill, Che Guevara, et Groucho Marx.
Churchill, parce que son cigare est pour la postérité d’une part le symbole du flegme au milieu des bombardements, et d’autre part l’opposition entre ce « chef de guerre » amateur de tabac et de whisky, et Hitler, qui ne fumait ni ne buvait. De surcroît, un cigare porte son nom.
Tout commence évidemment dans les plantations de tabac cubaine. Semis au mois d’août, les repiquages et la croissance très surveillée des pieds de tabac pendant plusieurs mois.
Il faut bien différencier les plants de cape, qui donnent les grandes feuilles qui habillent le cigare, et les plants de tripe, qui donnent les feuilles intérieures du cigare.
La récolte commence en janvier et dure environ quatre mois. Puis on sèche les feuilles, on les fait fermenter, on les retourne régulièrement, elles sont ensuite triées, enfin humidifiées. Elle partent alors pour la manufacture. On retire la nervure centrale (écotage), le tabac est à nouveau fermenté, puis les feuilles sont mises en ballots, enfermées dans des barils de bois pendant six mois à deux ans! C’est après que les cigares sont roulés.
Le roulage des cigare, par les « torcedors » (rouleurs) est une opération longue et délicate qui exige de hautes compétences. Lire à ce sujet (comme au sujet du cigare en général) ce livre merveilleux qu’est « Holy Smoke », de Guillermo Cabrera Infante, dont nous parlons par ailleurs. Il ressort de cette fabrication que le cigare que vous allez porter à la bouche est le résultat de plusieurs années de travail, d’amour du beau et du grand tabac.
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Photo en-tête : Paul Wagner
Nous ne saurions vous conseiller (tout est affaire de goût), mais nous vous indiquons quelques grandes marques de cigares, telles qu’elles ont été classées par les autorités cubaines compétentes.
Une chose est sûre : pas n’importe comment. Allumer et fumer le cigare tiennent plutôt de la cérémonie. Non pas pour faire chic , quoiqu’un peu d’élégance ne nuise pas, mais pour apprécier véritablement ce petit chef d’œuvre.
Avant l’allumage...
Oui, il se passe quelque chose avant de le fumer : vous tenez le cigare, vous le tournez entre vos doigts, vous le humez, vous le regardez. Vous vous familiarisez avec sa douceur et sa fragrance.
L’allumage...
Pour couper la tête du cigare, ayez un bon outil : un coupe-cigare de qualité. Pas avec les dents, et pas d’allumette pour percer un trou. En revanche, l’allumette est à recommander pour chauffer légèrement le cigare, sans jamais le toucher avec la flamme et sans commencer à fumer.
Fumer « à cru » : important. Il s’agit de tirer sur le cigare sans l’avoir allumé. Les premières effluves ! Fragiles, certes, mais admirablement boisées et naturelles. Ensuite, vous allumez le cigare à l’aide d’une longue allumette (préférable au briquet, et surtout au briquet à essence, totalement proscrit).
Règles de base : tenir son cigare entre les doigts, pas dans la bouche, incliner le bout du cigare au-dessus de la flamme sans la toucher, tourner le cigare jusqu’à ce que le bout soit rouge uniformément.
Article "L'art de fumer le cigare" © nouvellestentations.com
Photo en-tête : Paul Wagner
On dit généralement que la dégustation d’un cigare se déroule en trois tiers. Le premier tiers est le plus puissant au goût, mais moins « fin » que le second, où les arômes déploient toute leur intensité. Le plaisir gustatif est alors à son comble. Le troisième tiers, certes toujours agréable, retrouve une puissance qui va s’accentuant jusqu’au bout. Certains connaisseurs délaissent leur cigare après le deuxième tiers. Nous disons bien délaissent, car il est mal vu d’écraser le cigare. Il faut le laisser s’éteindre, sereinement… En revanche, s’il s’éteint alors que vous êtes en pleine dégustation, rallumez-le. En utilisant la même technique qu’au démarrage. Le fumeur de cigare n’avale pas la fumée (le faire peut d’ailleurs provoquer quelques nausées) mais la fait tourner dans la bouche et la recrache doucement, en contemplant les douces volutes qui incitent à la rêverie…
A quel moment fume-t-on le cigare ?
Que boit-on en fumant un cigare ?
Les avis divergent. Entre le « rien » (c’est-à-dire de l’eau plate), pour ne pas gâcher le goût du cigare, et le le légendaire cognac, il y a toute une palette de boissons possibles, comme le whisky. Nous aimons beaucoup, pour ce qui nous concerne, un vieux genièvre (Oude Genever), à servir pour l’occasion un peu frais. Il se marie très bien avec les parfums boisés du cigare.
Petites références culturelles :
George Sand : à elle seule, et bien qu’elle n’ait pas écrit d’ouvrage sur le sujet, elle représente la femme fumeuse de cigare, donc libérée du qu’en dira-t-on et libérée tout court. Se rappeler sa phrase : « Le cigare engourdit le chagrin et remplit les heures solitaires d'un million de choses agréables. »
« Holy smoke » de Guillermo Cabrera Infante, voir notre article sur le livre
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