CULTURE / NOUVELLES ÉROTIQUES

Louis Ferdinand Céline
un texte inédit !

Les guignols bandent

 
orgie alcoolisée

Justin, il l'avait saumâtre, ça se voyait à dix kilomètres, pas besoin d'être grand clerc. Et moi qui le connaissais bien, j'imaginais déjà le pire… Les emmerdements, droit sur ma gueule comme d'habitude, recta !... Tout un tombereau bien choisi, exprès pour ma pomme, à mes mesures … costume, cravate, chapeau… Tout ! Je le reniflais, ce bazar, à l'œil de Justin, le regard des mauvais jours, et à sa façon de prévenir : "Ah, les premières, ils vont déguster, ça leur apprendra à nous filer des pourliches de mendigots." Il radotait, têtu comme une bourrique, marmonnait dans sa barbe… Pas moyen de l'arrêter… il déconnait à plein tuyaux, le Justin… Un reste de fièvre, probable… - "On va leur coller le produit d'Afrique… dans le Pimm's ! Ah, les petits barons, les petites baronnes… La bouteille entière qu'on va leur mettre! Gi !... Tu vas voir, ils vont tourner dingos… avec un peu de chance ils vont foirer dans leurs pantalons, dans leurs jupes…

" Moi, la merde, je la sentais plutôt venir dans mes bottes.

- Calme-toi, Justin, le capitaine va nous gauler, déjà qu'on est pas bien vus…

- Pas bien vus ? Tu verras après !

A l'heure de l'apéritif, la mer était calme, le bar était plein, les premières étaient là pour fêter l'anniversaire de Vornikoff, le prince russe. Plus je le regardais, celui-là, plus je trouvais qu'il ressemblait à mon patron de Courbevoie, ce vieux cochon qui me filait des tartes… C'est pour ça que je pouvais pas le sentir… Dans le fond, Justin il avait raison… Le voilà qui vide la bouteille du sorcier… D'un coup, vlan, dans le pimm's !… Oh, il a pas fallu attendre des breloques!... Au bout d'une demi-heure, le prince Vornikoff a ouvert sa braguette devant tout le monde !... Et le pire, c'est que tout le monde a trouvé ça poilant !... Même le capitaine !... Ils avaient tous le regard pas bien net… un peu dingos sur les bords… Charenton était pas loin…

- "Bon Dieu, Justin, le sorcier, il s'est pas foutu de nous…"

orgie

 

Nouvelle érotique " Les guignols bandent " © nouvellestentations.com

Louis Ferdinand Céline : un texte inédit ! Les guignols bandent. A suivre page 2 & 3

 

Ca commençait à tourner orgiaque, là-dedans… La femme du banquier avait sorti ses nichons qu'elle balançait sous les yeux du dandy anglais… Il en peut plus, le dandy… Il regarde les nichons comme un chien regarde une truffe… Tout pareil!… Je crois bien qu'il va aboyer… Ses yeux lui sortent de la tête… il bave un peu… il avance les mains, empoigne les nichons, les malaxe, tripote, tortille, pince, soupèse… La femme pousse un cri de bonheur… "Ah, oui, Mortimer, qu'elle jappe, sucez-les moi! Faites-moi les bouts!..." Il s'exécute, le Mortimer, il les bouffe l'un après l'autre, les deux en même temps… on ne sait plus… Le banquier, ça le rend coopératif, cette histoire… Il se déboutonne… il prend une jeune fille qui passait pas là, la fille du couple de diamantaires hollandais, une grasse qui commençait à tortiller des fesses… De tous les côtés, ça s'excite de façon tout à fait anormale… Ca débloque sec, ça se déshabille, ça se pelote, même Justin il en croit pas ses yeux… les robes tombent, les pantalons valsent, on déboutonne les corsages, on les arrache, on déchire les caleçons, on voit des seins… Des petits, des gros, des tombant, des en pomme, en poire, des bouts marrons, des roses… il y en a partout, une vraie fête foraine … Et des chattes, des bien poilues comme des glabres… Surtout celles des jeunes…

Le Mortimer il a tellement sucé les nichons de la banquière qu'ils sont rouge vif… Comme des homards… Il agite sa queue avec fureur: - " A vous, Hortense, à vous !" Elle se le fait pas dire deux fois… S'agenouille… S'enfourne le chibre dans la bouche… jusqu'à la gorge… Derrière elle, un godelureau a relevé ses jupes… Il l'enconne d'un coup… Elle en pousse un tel meuglement qu'elle en perd la queue du Mortimer!... Elle la reprend illico... Même pas regardé qu'il l'enfilait… Le mari l'encourage… -" Pompe bien, ma chérie ! Pompe ! Je veux être fier de toi !..." La fille des Hollandais, il lui a entré trois doigts dans la chatte… Il la branle sévère… Les parents, il disent rien… Ils peuvent pas… Ils sont allongés tête-bêche et se font un soixante-neuf d'enfer… Même le curé en a paumé sa soutane et se branle furieusement en regardant de partout… -" Ah, mes agneaux, ah, mes agneaux, qu'il mugit, je veux en fourrer une trentaine !... Au moins une trentaine !" Justin me fait remarquer que le curé, c'est lui qui a la plus grosse bite. D'ailleurs, ça commence à se voir… Les dames comparent, mine de rien… il y en a deux ou trois qui se rapprochent du curé, qui le touchent… Il bande comme un salaud… ça les excite, les femelles, surtout la jeune comtesse… Celle qui est enceinte jusqu'aux dents… elle lui pelote le chibre et les couilles…

"-Vous en avez une belle, monsieur le curé!... Regarde, Edmond !... " Elle appelle son mari, qui ne répond pas… c'est qu'il est occupé aussi, avec une petite jeunette… il lui bouffe la chatte, allongé sur elle… Il redresse quand même la tête et admire, de loin, sa femme qui s'impatiente… "- Je comprends, qu'elle est belle ! Profite ! Nom de Dieu !" Et il replonge aussi sec sur la chatte…

Justin, il peut pas s'en empêcher, il s'astique, debout derrière le bar… Et moi, je vois des ombres, derrière le hublots de la coursive. Ceux des secondes classes, des troisièmes, en train de mater, ahuris, l'orgie romaine… A force de mater, ils vont s'échauffer les sens, j'en jouerais ma chemise… ils vont débarquer, c'est sûr… ils ont déjà les yeux hors de la tête… ils bavent un peu… J'en remarque qui tressautent, ils se touchent un peu, forcément…

Le curé, maintenant, il encule la comtesse… Dame, elle est enceinte, il respecte!.. Il le dit, d'ailleurs… "Le cul, ça compte pour du beurre !"… La fille des Hollandais, elle a enchaîné les branlettes à tout va… La première bite était la bonne… Ah, il y a de l'expérience !... De la technique, de la gourmandise, tout !... Emma qu'elle s'appelle, je le sais à son père qui a fini le soixante-neuf… Il découvre sa fille une pine dans chaque main… "Vas-y Emma, qu'il vocifère, montre-leur !... En rythme !... Oui ! Salope… Comme ta mère !.." Il s'approche, le bougre… Veut se faire tâter par sa petite… Qui est la meilleure dans la famille ?... "Ta mère, c'est la bouche !... Faut pas lui retirer ça… C'est une emmerdeuse, mais elle suce le tonnerre !... Et elle avale !... Tout ! Jusqu'à la dernière goutte !..."

La mère, pas bête, elle illustre le propos… Elle pompe un dard qui passait par là…. Celui du capitaine… Il disparaît jusqu'à la garde… J'ai bien peur, moi, qu'il lui ressorte de l'autre côté… Par la nuque !… Morte en suçant !... Tuée par un capitaine… Et un pompier !...

La femme du banquier, elle se promène, un peu pliée en deux, la bite du godelureau plantée par derrière… Superbe levrette !.. Elle gueule : "Je veux bouffer une chatte… J'en rêve… Donnez-moi une chatte !..." On se fait pas prier… Gros succès !... La femme du capitaine, tiens!... "Prem' !", qu'elle dit… La femme du banquier se précipite… Comme elle peut, avec la bite qui la pistonne… C'est pas facile… "Ecarte bien, que je voie le bouton… Oui, comme ça !... Oh, ah !" Et elle lui plonge sur la moule d'un coup… Elle pompe, elle suce, elle aspire, elle toupille, elle lèche, elle darde… Morte de faim !... La femme du capitaine, elle jouit en une minutes !... Record absolu !... Elle braille, tressaute, se cambre, tombe sur le sol… En redemande !... "Marcel, qu'elle dit, tu vois ce que ça donne !... Le bouton, je te dis !... Il y a que ça de vrai !... Encore, encore !... Merde ! "

 

Nouvelle érotique " Les guignols bandent " © Nouvelles Tentations

Louis Ferdinand Céline : un texte inédit ! Les guignols bandent. A suivre page 3 

C'est moi d'abord qui les ai vus, ceux des secondes et des troisièmes. Ils sont passés par le couloir réservé, ils ont poussé la porte du salon… Vlan! Trente gaillards, au moins… Bite à l'air, droite !... Beuglant comme des Huns… Sales comme des peignes… Dépenaillés… Les premières, ils les ont accueilli par des cris de joie !… "Bienvenue !... Venez ! C'est à vous !… Jour de bonté!... C'est dimanche !..." Le curé leur faisait signe, bras écartés… Venez, venez, bien chers frères… Admirable, il était… Les pégreleux, ils se le sont pas fait dire deux fois… Même si on les avait pas invités, ils se seraient servis… Et copieux…

Après, il y en a eu plus, beaucoup plus !... Trente ? Quarante !... Et le reste !... Ils se passaient le mot, probable… Que les premières se déloquaient !… Qu'il y avait qu'à se servir !... Gratis… Même des femmes poulopèrent des ponts inférieurs, toutes jupes retroussées… Elle en voulaient, de la bite de riche !… C'était pas tous les jours… Alors, le personnel alerté par Lalande, le second, alerté lui-même par un loufiat, débarqua tout pareil, mais pas dans la même humeur… Fallait voir sa tête, à Lalonde !... "C'est pas possible, qu'il disait Lalonde tout bafouillant, c'est pas possible !..." Le capitaine le salua : "Viens, Lalonde, ouvre donc ta boutique, y a de la cliente !"

Je le vis bien, moi, le Lalonde, s'approcher du bar derrière lequel mon Justin, il s'astiquait toujours, les yeux sur la jeune hollandaise, sa préférée… Heureusement, il a été sauvé, Justin, parce qu'il a pas pu résister plus longtemps. "Faut que je la baise, moi aussi ! Y a pas de raison ! " Et hop, il quitte son poste, au moment où le Lalonde radine ventre à terre… Il cherche l'évier… Bille en tête, il dégueule… Il en fout partout !... "Merde", que je gueule… Et je m'en vais moi aussi !... Une comtesse, une banquière, une ballerine… N'importe, j'y ai droit !... Je m'enfourne la première qui passe… Elle m'agrippe… "Passe-la moi !", me lance un pauvre… Quand j'aurai fini !.. Oui ! Compte là-dessus !... Et puis ça s'est mis à brailler, à râler, ça jutait dans tous les coins, le foutre dégoulinait… plein le parquet ciré… Ca devenait dangereux… Les chutes, c'était inévitable… Ca les faisait rigoler !… Les troisièmes, ils en voulaient encore plus… Ils se piquaient les femmes … Avec des gnons… Et puis on a entendu un cri, le premier… Celui du prince, Vornikoff… L'effet du produit se faisait la malle… Il reprenait conscience, monseigneur… Il comprenait pas… "Arrêtez ! Arrêtez immédiatement !" Une droite impeccable l'a envoyé aux fraises… Les autres aussi, ils ont repris conscience… Ils ont vu… Ca rigolait plus du tout !… Trop tard !… Les femmes se faisaient baiser, mais elles étaient plus d'accord ! … Elles se sont pris des beignes… Et les bites des troisièmes… Le curé, revenu à lui, il a bien tenté quelque chose… De les séparer… avec des prières, des signes de croix… "Vade retro, satanas !… " Pas longtemps… Un gros lui a foutu une torgnole… Plus de latin. Fini.

Le lendemain, c'était pas l'ambiance, sur le bateau. Ils cherchaient à comprendre, et ils trouvaient pas. Le pitaine, il pensait bien que c'était un produit tombé dans le pimm's, et il était venu vers nous, les officiants… Justin avait l'air d'un ange… Ca pouvait pas être lui… Moi qu'étais le plus mal vu, j'ai failli tout prendre sur le coin de la tronche. Si ce n'est toi, c'est donc ton frère… Et en avant! Heureusement que le Justin, il avait plus d'un tour dans son sac… Il a dit qu'un truc pareil, ça venait de l'Afrique… D'un nègre… On en avait quatre sur le bateau, dans les soutes… Ils ont eu de la chance, eux aussi… Parce que le banquier, le curé et le Hollandais, ils sont venus en délégation… Pas de pet, qu'ils ont dit… Il fallait écraser le coup… Porter plainte ? Surtout pas ! Contre qui ? Et leur réputation !... Celle de leurs femmes… De leurs filles… Les douces et tendres… Toutes couchées, pleurantes… Bourrées de calmants, de somnifères… Effondrées !... Et le curé ! Il avait lâché la rampe… Il se baguenaudait partout, un crucifix devant lui… Il exorcisait tout le monde, dans les coursives… Chambre par chambre… Tout le bateau ! Le latin lui revenait… Par morceaux entiers !… Le pitaine, il a dit que c'était une bonne idée que de rien dire, jamais…

Fallait arrêter le curé avant d'atteindre le port… Pas moyen. Quand on est arrivé, tout le monde des premières était sur son trente et un. Le quai était bondé. Les familles et les amis agitaient la main, un journal, une ombrelle… C'était joli. Le pont des premières faisait bonne figure. Les secondes et les troisièmes, tout le monde s'en foutait, ils sont partis on ne sait où, bon vent… Ca leur a fait des souvenirs… Le curé, lui, la dernière fois où je l'ai vu, il entrait dans l'ambulance, et il exorcisait les infirmiers.

 

FIN

 

Nouvelle érotique Louis Ferdinand Céline : un texte inédit ! Les guignols bandent.   © Nouvelles Tentations

 

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