Des lecteurs de Nouvelles Tentations remarquent, en nous félicitant, que nous parlons de sexualités diverses et variées, certaines dites "normales", d'autres "hors normes", dont plusieurs recoupent des fantasmes assez répandus. Et certains lecteurs voudraient savoir quel est notre avis concernant la mise en pratique de ces désirs. En clair, demandent-ils, doit-on aller au bout des ses fantasmes ? ou bien : doit-on essayer tout ce qui nous fait fantasmer ?
Essayons d'être clairs : d'abord, chacun doit en premier lieu éliminer toute pratique interdite ou dangereuse pour la santé physique ou mentale de soi-même ou de son/sa partenaire si l'on est en couple. Ensuite, une fois cela éliminé, on doit réfléchir à ceci : mon fantasme correspond-t-il à désir impérieux de le traduire dans la réalité ? Il y a une différence entre un fantasme occasionnel, et une véritable et profonde tentation. Si nous avons opté pour la mise en pratique de cette forte envie (cf. Oscar Wilde : " le meilleur moyen de se délivrer la tentation c'est d'y céder "), le résultat est simple. Soit la réalité a déçu, et le fantasme disparaîtra, soit la réalité a été source de plaisir, et on n'a qu'un souhait: recommencer.
Nous devons alors signaler la différence entre la " perversion " (ou paraphilie), qui saisit l'être en son entier en l'empêchant de mener une vie familiale et sociale normale, et la "déviance", qui est un goût pour des pratiques sexuelles considérées comme inhabituelles, et consiste en un choix, une appétence, qui ne remettent pas en cause une sexualité plus normative, hétéro ou homosexuelle.
Nous avons noté que cette question sur le "aller au bout de ses fantasmes" provenait de gens souvent tentés par l'échangisme (en premier) ou les jeux SM (en second) en tant que déviances : pour ce qui concerne l'échangisme, un premier auto bilan psychologique est nécessaire. Un homme jaloux ou complexé, une femme fleur bleue ou timide feront bien d'y aller extrêmement doucement si leur désir commun les mène en club libertin. En revanche, un couple dont l'érotisme habituel est à la fois équilibré et cru peut se lancer avec plus d'audace.
Le problème (qui peut être résolu si l'on en a d'abord conscience) est que "bout du fantasme" se caractérise souvent par l'insatiabilité. Chez un couple assouvissant son fantasme d'échangisme, cette boulimie sexuelle se traduit par une multiplication des partenaires, toujours plus dans le même événement, et/ou par une multiplication des événements eux-mêmes. L'appétit se transforme alors en boulimie et en addiction. Les couples échangistes que nous connaissons et qui vivent en harmonie sont des couples qui ont trouvé un "juste milieu". Autrement dit, ces déviances bien vécues ne tournent pas à la perversion, source de tourments.
Les jeux SM exigent une prudence non pas plus grande, mais identique : chacun doit savoir et dire quelles sont ses envies de départ (simple ligotage, menottes fantaisie, domination ou soumission légère, etc.) ou ses fantasmes plus poussés, sachant qu'à chaque étape atteinte, le point doit être fait. Et le risque est le même : que la déviance devienne paraphilie.
Sachons cependant que la perversion est une structure qui se retrouve souvent dans d'autres domaines de l'existence, et que de simples "déviants" adultes n'ont que peu de chances de devenir pervers (et quasi psychotiques). Ils peuvent devenir "accros", c'est-à-dire dépendants, mais ils en auront à la fois conscience, et les moyens de lutter contre cette dépendance.
Donc, oui, on peut aller "jusqu'au bout de ses fantasmes", en tout cas essayer, sachant que la mise en acte demande une analyse et des "garde-fous", en prenant ce terme dans toutes ses acceptions.
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