Le désir est, en psychologie, une force qui trouve son origine dans l’insatisfaction d’un besoin. Prenons un exemple : si vous avez soif, vous buvez. Vous satisfaites un besoin. Là où les choses deviennent plus intéressantes, c’est lorsque la satisfaction du besoin n’est pas immédiate.
Si vous éprouvez un début de soif et que vous l’épanchez immédiatement, vous avez certes le plaisir de satisfaire votre besoin, mais ce plaisir sera bref. Nous pourrions le qualifier d’automatique. Un stimulus (la soif) et la réponse (le liquide).
Il faut donc savoir que le désir augmente lorsqu’il est contrarié.
Si vous avez soif en rase campagne, sous le soleil, et que vous n’avez rien pour vous désaltérer, le besoin augmente et le désir aussi. Sa satisfaction ultérieure n’en sera que plus agréable. Enfin, pendant la période incluse entre le désir de boire et sa satisfaction, le mécanisme psychologique de l’imaginaire déploie toute sa force. Vous vous imaginez en train de boire de l’eau fraîche ou votre nectar préféré, vous adjoignez un décor apaisant, vous vous projetez dans la situation.
On peut donc, toujours sous cet aspect mécanique, appliquer le même schéma aux autres besoins, celui de manger, de dormir… et de faire l’amour. Mais cet aspect mécanique de la satisfaction – plus ou moins différée – d’un besoin, bien que vrai, n’est qu’une approche un peu grossière du problème. Il faut d’ailleurs préciser que la satisfaction d’un besoin n’annule pas toujours le désir, puisque par exemple les boulimiques mangent quand ils n’ont plus faim ou d’autres personnes dorment ou boivent au-delà de leurs besoins. Car il existe une dimension psycho-affective importante, même dans la satisfaction de besoins dits vitaux ou naturels.
Article " Qu'est-ce que le désir ? - Mécanique du désir " © nouvellestentations.com
Illustration : " La Soif " (1886) de William Adolphe Bouguereau (1825-1905)
Pour reprendre notre illustration de l’homme qui a soif, celui-ci désire une boisson. Mais celui qui désire quelqu’un, sexuellement ou amoureusement, désire un être humain.
Jacques Lacan a insisté sur cette différence entre un simple besoin et une demande, cette dernière s’adressant à autrui.
Autrement dit, dans le désir d’autrui, l’amour entre en jeu. Demande d’amour, besoin d’amour, réciprocité. Tandis que le liquide qu’on boit pour étancher notre soif n’a aucun sentiment envers nous et nous apporte une satisfaction réflexe (nous étudierons plus loin un désir qui nous tient ici à coeur, celui du goût des bonnes choses), la personne sur laquelle s’est porté notre désir est elle-même source de sentiments, de désirs, de réactions. L’affaire devient alors beaucoup plus complexe. Et intéressante.
Article " Qu'est-ce que le désir ? - Désir d'amour " © nouvellestentations.com
Illustration : Le Ravissement de Psyché (ou Enlèvement de Psyché) - 1895 de William Adolphe Bouguereau (1825-1905)
Le désir que nous appellerons amoureux (ou érotique, dans le sens étymologique du terme) provient de cette pulsion de vie (Eros) qui impose à tout individu la satisfaction.
Entre le désir et la satisfaction se produisent des mécanismes psychiques compliqués dus à la formation et à l’histoire intime de chacun : les fantasmes.
Il est rare de vouloir satisfaire son désir avec n’importe quelle personne. Il a été observé que les clients de prostituées dans une rue de quartier chaud choisissaient celles-ci avec soin, mettant une moyenne de vingt à trente minutes à examiner les différentes péripatéticiennes. On a observé aussi que ces professionnelles avaient des habitués, qui les aimaient pour leurs propriétés physiques ou/et pour une pratique bien précise.
L’objet n’est donc jamais innocent, que ce soit celui du désir « normal », ou pervers, voire déviant (les pédophiles, les sérial killers, etc.). Le désir amoureux une fois exprimé et partagé peut connaître des vicissitudes. L’objet du désir peut perdre de sa force et de sa valeur. Le mécanisme du désir (le fantasme, l’imaginaire) peut évoluer et se dissocier de l’objet qu’on s’est choisi. Il peut prendre de telles formes que la censure (appelée en psychanalyse le sur-moi, opposé au ça, siège des pulsions) l’empêche de s’exprimer. Surviennent le refoulement ou la névrose. La perversion, qui selon Freud est constitutive de toute sexualité dite « normale », est le versant « positif » de la névrose, dans la mesure où elle permet de trouver un terrain d’application et de satisfaction atypique aux pulsions.
Article " Qu'est-ce que le désir ? - Cet obscur objet du désir " © nouvellestentations.com
Même dépeint à grands traits, on voit que le désir n’est ni simple, ni figé. Cela signifie que les problèmes de désir dont parlent les couples ne sont pas une exception, mais au contraire une règle… qui connaît quelques exceptions !
Il faut donc comprendre que le désir amoureux, dans un couple, doit être clarifié, autant que l’intimité de chacun, ses refoulements et son subconscient le permettent.
Il y a plusieurs moyens de clarifier les désirs. La condition sine qua non est la compréhension de l’autre, sans jugement moral a priori. Toute condamnation a priori ou définitive peut mener au refoulement et à la mort plus ou moins lente de la relation érotique. Cette compréhension peut se jouer par les gestes et le discernement du désir de l’autre. On peut voir par exemple à certains signes que le ou la partenaire est excité(e), que son envie est tendre, bestiale, ludique, etc. On peut aussi se rendre compte que ses caresses et ses goûts changent un peu de tonalité, que le choix des positions, des lieux, des préliminaires, indiquent une inclination nouvelle.
Mais la compréhension vient le plus souvent du verbe.En effet, il est difficile d’exprimer toute la complexité du désir et des formes qu’il prend sans le faire avec des mots. Ceux-ci sont parfois difficiles à choisir, car ils révèlent une part profonde de notre personnalité. Néanmoins, ils sont nécessaires à la continuité de la relation amoureuse, pour que l’objet du désir que nous sommes l’un pour l’autre au sein d’un couple puisse continuer son œuvre de satisfaction et de bonheur…
Article " Qu'est-ce que le désir ? - Ce clair objet du désir " © nouvellestentations.com
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La raison même de Nouvelles Tentations se trouve dans la globalité du Plaisir. En effet, le psychologue Henry Murray a relevé vingt besoins fondamentaux qui régissent l’homme : besoins physiques, intellectuels, moraux et esthétiques.
Il n’y a pas que la sexualité qui remplisse le champ du désir. Il y a aussi la satisfaction devant une oeuvre, qu’elle soit picturale, cinématographique ou littéraire. La gastronomie fait également partie de cet hédonisme, puisqu’elle combine magnifiquement la satisfaction d’un besoin mécanique (la faim) avec l’intelligence et l’amour humains : à travers un bon champagne ou une poularde de Bresse en vessie, la main et l’esprit de l’homme se sont alliés pour nous mener à l’extase… Bien sûr, certains pourront combler leurs appétits intellectuels et esthétiques en lisant Tolstoï ou en contemplant une Cathédrale. Même si nous recommandons chaudement et Tolstoï et les flèches gothiques, il est certain que notre principe, à Nouvelles Tentations, est de guider nos internautes sur les chemins de la volupté, telle qu’Eros et Bacchus nous en ont ouvert la voie.
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