Avant de traiter des " libertins " dans un dossier sur l'échangisme , notons que ce qualificatif a subi quelques modifications au fil des siècles. Les libertins (du latin "libertus" ou "libertinus", esclave affranchi) ont été – et sont toujours, pour certains qui n'en sont pas cependant devenus échangistes – des opposants aux dogmes religieux et à leurs implications dans la société civile.
Un bref rappel des figures importantes du "libertinage", que chacun pourra étudier ou méditer selon ses désirs : le poète Théophile de Viau, au XVII siècle, qui écrivait : " Le sot glisse sur les plaisirs, - Mais le sage y demeure ferme – En attendant que ses désirs - Ou ses jours finissent leur terme" , ou l'italien Giulio Cesare Vanini, qui mourut brûlé, et la langue coupée.
Au XVIII ème siècle, période libertine par excellence, cette philosophie accompagne les lumières en ceci qu'elle prône la liberté par rapport aux pouvoirs monarchique et spirituels.
Contes de Diderot et Voltaire, le roman "Point de lendemain" de Vivant Denon, mais aussi et surtout Choderlos de Laclos et son chef-d'œuvre "Les Liaisons Dangereuses".
Dans la peinture, Watteau et Fragonard ont merveilleusement traduit ce libertinage et cette aspiration à la libéralisation des mœurs, puisque l'autre monde n'existant pas, il vaut mieux glorifier les plaisirs terrestres. Une des critiques, le plus souvent injustes, qu'on fait aux libertins est que sans morale religieuse – et plus généralement sans Dieu, tout serait permis. Or, de nombreux libertins ont défendu une morale sociale, laïque pourrait-on dire, affranchie des préjugés et des dogmes.
Le Marquis de Sade représente le "libertin extrême", la sexualité débridée et le crime s'opposant à ( ou se dressant contre), la morale chrétienne. Au XXème siècle, Aragon se dit libertin, amoureux "de la vie, des idées et de la liberté" (homosexuel déclaré après la mort d'Elsa Triolet, il fut, selon le mot de Roger Nimier, "le seul homme capable d'assister à une réunion du Comité Central du PCF en smoking rose") , ainsi que Roger Vailland qui est l'auteur d'un "Laclos par lui-même" et d'un "Eloge du Cardinal de Bernis", grand libertin bien qu'ecclésiastique.
Sachez aussi que les musulmans ont connu de nombreux libertins, en des siècles reculés, grosso modo des VIII ème siècle au XIII ème, en particulier le poète Abou Nawas, qui louait l'homosexualité, la luxure et le vin, Ibn Riwandi, qui récusait la révélation divine et "refusait qu'un prophète, Mohamed en l'occurrence, veille par ses enseignements sur l’organisation de la société" (in l'excellent article dans TelQuel Online. Telquel est un magazine marocain très indépendant…) Nous voyons par là que le libertinage est bien autre chose que l'échangisme et la débauche, même s'il ne lui est nullement antinomique, bien sûr. Libertins de tous les pays, unissez-vous !
Illustrations :
Les hasards heureux de l'escarpolette - Fragonard circa 1767
Religieuse italienne fumant la cigarette - Clovis Trouille -1944
Article " Le Libertinage, aux origines " © nouvellestentations.com
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