jusqu'au 13 avril 2012 au SAS
Un de nos artistes préférés, le photographe Jean Fabien , présente deux expositions de ses œuvres, et nous ne saurions trop vous conseiller, amis lecteurs parisiens ou proches de la capitale, d’aller voir l’une ou l’autre - ou pourquoi pas les deux, puisque les lieux où elles se déroulent sont assez proches (Montreuil, et Montreuil).
D’abord, « La Vie Quotidienne de Madame Lapin » est une série, imaginée par Jean Fabien et Roxane Loiseau, qui montre une « Madame Lapin » rêvant à une autre vie, dépitée par la banalité et les affres de l’existence quotidienne, mais qui rêve toujours au bonheur et au grand amour, et qui avance « sans rien dire et en sautillant, parce que c'est comme ça qu'avancent les lapins ». Madame Lapin boit mélancoliquement dans un bar (admirez en arrière-plan l’indifférence du barman, habitué à en voir d’autres – ou à refuser de les voir…) Madame Lapin attend un bus, un car, le destin, à côté de sa grande valise, à l’intérieur de laquelle on gage qu’elle a pris tout ce qu’elle possédait… Bien d’autres photographies superbement composées, que ce soit par le cadre ou par les couleurs. Comme pourrait dire un illusionniste (et Jean Fabien en est un): « Chapeau, Madame Lapin ». Et courage !
Allez donc à la galerie de création contemporaine " le.sas " à Montreuil, jusqu'au 13 avril
Ouvert le samedi de 14h00 à 18h00
64 rue du Capitaine Dreyfus 93100 Montreuil
Métro Ligne 9, station Croix de Chavaux. Sortie direction Place Jacques Duclos
L’exposition « Fukushima Mon Amour » est d’un autre genre, puisqu’il s’agit de kinbaku. Les femmes ne veulent pas se libérer de leurs liens, elles en veulent au contraire beaucoup - sur leur corps évidemment, pas dans leur esprit. Selon les propres informations données par Jean Fabien, « Fukushima Mon Amour » à été réalisée de façon improvisée au cours d'une performance de bondage Japonais orchestrée par Bérénice V. dans le Showroom de Mise En Cage » (Nouvelles Tentations, étant présent à cette soirée privée, atteste de la véracité de ces dires). Jean-Fabien nous offre des plans rapprochés absolument superbes de la « shibariste » ou de son modèle, voire les deux ensemble. Nous retrouvons le « grain » si particulier aux photos de l’auteur, sa science du cadrage, et sa capacité à traduire l’émotion – ici, émotion érotique, sensuelle, où l’abandon de la femme soumise est palpable. Pour ceux qui pourraient s’étonner d’un titre a priori un tantinet racoleur, Jean Fabien explique que « cette séance à eu lieu au moment de la catastrophe de Fukushima et la série rend hommage à la mémoire des disparus et des sinistrés. »
L’exposition a lieu au Mange Disc
à partir du vendredi 30 mars, jusqu'au 30 avril,
50, rue de Romainville 93100 Montreuil
Ouvert tous les jours de 9h00 à minuit
Métro Ligne 9, station Mairie de Montreuil
Photos © Jean Fabien
© nouvellestentations.com
Page 2 : plus de photos de la série La Vie Quotidienne de Madame Lapin
jusqu'au 13 avril 2012 au SAS Montreuil
La vie quotidienne de Madame Lapin, une histoire en photos imaginée par Roxane Loiseau et Jean Fabien - photos © Jean Fabienjusqu'au 13 avril 2012 au SAS Montreuil
Avant de se mettre à essayer de vivre, Madame Lapin a passé quinze ans en apnée. L'amour à vingt ans, le mariage dans la foulée, les beau-frères vaguement amoureux...
Les apéros chez les voisins, les réunions de parents d'élèves.
Le soir on fait les devoirs, on promène le chien, une levrette entre deux portes, chut, crie pas, une baffe entre deux verres, chut, tais toi. Le samedi, promenade en forêt, le dimanche repas chez les beaux parents...
Le dimanche soir, madame Lapin se demande si c'est vraiment ça la vie.
Elle hausse le son de son Ipod, ferme les yeux et puis le lundi arrive. Ca va passer... Tout le monde s'extasie.
Quelle belle famille ! Parfois quelqu'un attrape un regard vide, un sourire glaçant.
Les belles sœurs chuchotent, c'est leur boulot.
Mais pas trop quand même. Madame Lapin sait comment cacher les contusions, elle incise les bleus pour faire couler le sang caillé, elle est très forte pour ça.
Après elle met du fond de teint. Et puis elle se colle des poches de glace sur les yeux pour les faire dégonfler.
Elle regarde ses enfants grandir, elle les trouve beaux. Son mari aussi elle le trouve beau, Elle ne parle jamais, ça limite les dégâts… Madame Lapin hausse le son de son Iphone. Ca va passer...
Un jour Madame Lapin est partie.
Au début, tout le monde trouvait ça courageux (en fait c'est de la survie, rien de courageux. La peur de rester au seuil de sa vie ou simplement sur le carreau). Après ça a été plus compliqué a gérer.
Les maris des copines qui se lâchent doucement, une amicale main aux fesses, sans y penser, la famille qui pense que tout a une fin, surtout les crises d'adolescence des mères de famille, les amis qui, eux, n'ont pas le temps, doivent sortir le chien et se taper le repas dominical en famille.
Madame Lapin n'a pas lâché, par une espèce d'acharnement presque infantile à ne pas céder aux déterminismes ni aux injonctions bienveillantes. Mais la terreur de la solitude est devenue son obsédante compagne...
Elle pleure souvent quand on ne la voit pas. Quand elle fait ses longueurs dans la piscine, quand elle range ses souvenirs aussi. Parfois elle se roule en boule sous une table, quand les enfants sont à l'école et elle ne bouge plus, pendant des heures. Dans ces moments la, elle rêve de s'évaporer simplement.
Bien sur, Madame Lapin s'est inscrite à Meetic, pensant stupidement y trouver un compagnon de cœur ou de jeu.
Sa navrante innocence l'a conduite dans les bras de Monsieur Blaireau qui ne pensaient pas plus loin que le bout de sa queue.
Et puis évidemment il y avait une Madame Blaireau. Il y a toujours une Madame Blaireau.
Madame Lapin a encore pleuré, gémit lamentablement dans les bras d'une amie vaguement compatissante, et puis elle est repartie dans sa quête.
Sans rien dire et en sautillant, parce que c'est comme ça qu'avancent les lapins.
Madame Lapin
C’est l’histoire d’une rencontre entre Jean Fabien, un photographe entouré de ces femmes divorcées à la recherche d’une nouvelle vie et de son modèle Roxane.
Entre violence de la situation et tendresse de l’image, cette exposition vous invite à entrer dans un monde qui au-delà des apparences est bien réel.
Cette épopée moderne tantôt simple extrait du quotidien, tantôt métaphorique, nous conduit dans l’univers de ces dames qui s’accrochent à leur destin.
A travers ce costume de Playmate et ces décors familiers, c’est au registre des contes de l’enfance que nous raccroche ces photographies.
Lorsqu’on raconte aux petites filles qu’une fois le prince charmant rencontré, leur vie ne sera que tarte aux framboises et arcs-en-ciel.
Mais même dans les histoires pour enfants, les lapins cherchent parfois à prévenir du danger.
C’est le lièvre de La Fontaine qui, partit favori, fini par être dernier de la course, happé par les divertissements qui s’offrent sur son passage.
C’est aussi le lapin d’Alice au pays des merveilles qui ne cesse de rappeler le temps qui passe et qui finira par mettre notre héroïne dans une mauvaise situation.
Peut-être est-ce là une allusion de Jean Fabien au rêve de princesse bousculé par les événements de la vie ?
Heureusement Madame Lapin rêve encore…
Au comptoir d’un bar, en vacances devant un verre de rosé, en repassant son linge, on sent sur la figure du personnage l’espoir d’un ailleurs, un « Wonderland » qui lui offrirait enfin ce qu’elle attend…
C’est fort, ça pique le cœur, ça fait rire aussi, bienvenue dans la vie quotidienne de Madame Lapin !
Barbara Verlhac
Page 4 : plus de photos de la série Fukushima Mon Amour
du 30 mars au 30 avril 2012 au Mange Disc à Montreuil
Au Mange DiscPlaisirs sensuels & Plaisirs du sexe
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