Nous avons traité dans nos colonnes du dessin en tant que moyen de représentation pornographique plus transgressif parfois que la photo ou que le film. La vastitude du domaine pictural pornographique nous y fait revenir aujourd’hui, avec une sélection à la fois plus complète et plus pointue. En effet, bien des dessinateurs ou illustrateurs pornographiques de qualité sont mal connus de certains : essayons modestement de pallier
cette carence. Dessin pornographique, et non érotique. Distinguo tendancieux, qui nous guide cependant : la pornographie illustrée décrit des actes sexuels, quels qu’ils soient.
Si le dessin pornographique s’est considérablement développé, c’est qu’il est passé de la clandestinité à la lumière grâce à l’assouplissement de la censure de l’écrit, puis grâce à Internet. Pareil pour le cinéma devenu « X », à ceci près que le dessin n’est jamais « X » : il est pornographique ou il ne l’est pas, et sa pornographie est presque toujours couplée à une recherche artistique, tout du moins à un esthétisme. Remarquons que le dessin pornographique « classique » représente des actes sexuels à deux ou trois personnages, voire plus, sans aborder les rivages du fétichisme ou du bdsm. Et les exemples sont rares : on peut placer en tête de liste Poulton (
voir l’article consacré à cet auteur ) et ses étreintes bourgeoises. Nous verrons que le bondage et le bdsm sont une mine inépuisable pour ces créateurs. Nous pourrions maintenant citer un grand nombre de dessinateurs pornographiques de talent. Il faudrait un livre (d’ailleurs, achetez l’excellente «
Encyclopédie de la BD érotique » chez La Musardine). Nous nous cantonnerons ici à un choix certes subjectif, mais qui s’appuie sur de nombreux avis de connaisseurs.
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illustrations :
En-tête - Beytsey and me - détail - huile sur toile de C. L. Wilson Tom Poulton - Série The Harem - circa 1958
Giovanna Casotto -
Le dessin pornographique page 2 : l'Italie, terre des maîtres
Le dessin pornographique page 3 : et en dehors de l'Italie ( France )
Le dessin pornographique page 4 : et en dehors de l'Italie ( Espagne, Grande-Bretagne, Belgique)
Le dessin pornographique page 5 : outre-atlantique, maintenant
Le dessin pornographique page 6 : outre-atlantique, suite
L’Italie, terre des maîtres
Les dessinateurs (et les dessinatrices !) italiens sont évidemment à l’orée de cette Renaissance. Commençons par une femme, Giovanna Casotto, et ses somptueuses brunes (bon : il y a quelques blondes aussi) Sa série « Selen » et ses « Oh, Giovanna » « Giovanna si », etc – ils y en a cinq - sont remarquables. Un détail : la dessinatrice ressemble à l’une de ses modèles, et elle a même été prise en photo par Saudelli. Chez Cassoto, on se ligote un peu, mais surtout on s’exhibe à deux, à trois…
Franco Saudelli, l’inspirateur de Cassoto : à voir également, pour ses amusants dessins de bondage. Saluons bien bas Luca Tarlazzi (plus cru que Saudelli), auteur d’une série « Selen », comme Cassoto. Ses « Sex in Italy 1 et 2 » et son « Sévices compris » valent vraiment le détour.
Continuons le panorama transalpin des maîtres du dessin pornographique par Paolo Eleuteri-Serpieri, connu mondialement et à juste titre par sa série « Druuna ». Un dessin précis, sensuel, des femmes superbement callipyges… Saluons aussi, évidemment, Milo Manara, immense talent plus consacré dans l’érotisme élégant (voir son « Déclic », mais dont nous pouvons trouver quelques éléments de pornographie dans quelques «cartes », spécialement dans « Hard Games ». Et finissons ce panorama italien par un plus ancien (né en 1931), mais tout aussi sublime, Léone Frollo : ses femmes d’une beauté parfaite, au physique élégant et délié, aux seins hauts et ronds(Voir, entre autres, sa série « Casino »), aiment manier le fouet - souvent entre elles.
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illustrations : En-tête et les 2 premières images - Giovanna Casotto. Puis : Franco Saudelli, Serpieri, Tarlazzi, Frollo, Manara,
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Et en dehors de l’Italie… En France, l’extraordinaire Alain Frétet (auteur de toutes les couvertures des « Interdits » chez Média 1000) dont nous conseillons les « Mémoires d’un branleur » et… tout le reste, traite de perversions extrêmes, sans pour autant s’adonner particulièrement au bondage ou au bdsm. Mais quelles débauches, et quel talent !
Nous adjoindrons à cet hommage aux dessinateurs français Hugdebert, remarquable non seulement pour son dessin harmonieux, la précision des décors et costumes, mais aussi par son inspiration, qui détourne sulfureusement de belles œuvres comme « Bel Ami » de Maupassant, ou « un Amour de Swann » de Marcel Proust, dans lequel nous voyons enfin Charles Swann et Odette « faire catleya ». Merci, Hugdebert.
Nous complèterons le podium tricolore (dans le désordre, à chacun de faire son classement) par Arcor, pseudonyme d’Angelo di Marco, maître du réalisme, de l’expression du visage, du fait divers (revue Détective) et, sous le pseudo d’Arcor, du sexe violent. Ses mises en scènes « cinématographiques » dignes des anciens films noirs américains couplées à l’érotisme le plus cru donnent des résultats saisissants. Voir « La clinique de tous les désirs», « Eva naissance d’une star », etc.
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illustrations : En-tête - Arcor. Puis, Alain Frétet - Hugdebert et Arcor
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Citons un excellent représentant de l’
Espagne, Josep de Haro, et son stylisme quasi photographique (« Prénoms de Femmes »).
Outre-Manche, règne Erich von Götha. Nom germanique, pseudo couvrant pudiquement l’identité d’un peintre anglais. Et de la pudeur, Erich von Götha n’en a aucune. Nous l’apprécions beaucoup, mais sommes certains que vous le connaissez déjà. Janice, Cécile, ça vous dit quelque chose ?
Mais si von Götha est le roi en Angleterre, la Reine est
incontestablement Paula Meadows, pseudonyme de Lynn Paula Russel, d’ailleurs « adoubée » par von Götha. Curieuse femme, cette Paula, qui a tourné dans des films X : elle est ravissante, et quelques-uns de ses personnages lui ressemblent. Lisez « Sabina », ainsi que le délicieusement pervers « Summer vacation ».
Il nous est enfin impossible de quitter le vieux continent sans mentionner un auteur né en
Belgique, puisque ce pays a quasiment inventé la Bande dessinée, Jack-Henry Hopper, pseudonyme de Jacques Géron, hélas mort à 43 ans. Même si son œuvre mérite une place plus grande dans un dossier sur le dessin spécifiquement SM (en préparation), rien que son « Hôtel Con d’Or », pervers mais plutôt « vanille », offre une lecture absolument délectable.
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illustrations : En-tête -Josep de Haro. Puis Erich von Götha, de Haro, von Götha, Paula Meadows et Hopper
Le dessin pornographique page 5 : outre-atlantique, maintenant
Le dessin pornographique page 6 : outre-atlantique, suite Outre-atlantique, maintenant.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le choix n’est pas immense. Certes, il y a quantité de dessinateurs érotiques, mais surtout des auteurs de « comics » tournés vers un humour décapant et une sexualité débridée mais non montrée, tel Crumb, ou encore des dessinateurs de fantastique tel Corben, ou enfin un nombre incalculable de dessinateurs fétichistes (Willie, Ward, Stanton, etc. ) ou purement bdsm. N’oublions pas que la censure après-guerre contre les comics a été extrêmement sévère. Néanmoins, nous trouvons quelques artistes grâce à la libération des mœurs – et des œuvres. Ainsi Julius
Zimmerman est-il carrément pornographique, tout en exprimant un goût pour la parodie (Blanche-Neige, le Petit Chaperon Rouge, etc) qui désamorce, disons-le, l’excitation du lecteur.
Alors ? Tournons-nous vers Rebecca Hap et ses indispensables « Housewives at play », qui vous montrent la middle-class américaine façon Wisteria Lane en déchaîné.
Des jeux lesbiens hard, mais aussi quelques incursions hétéro chez ses « Hot moms ». Un régal.
Illustrations : en-tête, Julius Zimmerman.
Puis, Julius Zimmerman : Blanche Neige et le Petit Chaperon Rouge - Rebecca Hap : Housewifes at play et Hot Moms
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