Nous avons déjà traité de ce sujet dans notre dossier sur le bdsm, mais une piqûre de rappel est devenue indispensable après que plusieurs faits divers sont venus rappeler les dangers du bdsm mal pensé et mal fait, et surtout du « kinbaku » mis entre les mains de charlatans – ou de couples inconscients des dangers de cet art du lien.
Dr Phil, l’un des tout meilleurs spécialistes du bondage japonais en France et intransigeant sur les questions de sécurité (voir un précédent article), tire lui-même la sonnette d’alarme pour Nouvelles Tentations. En effet, un accident mortel en Italie, d’autres en Grande-Bretagne et aux USA, sans compter les accidents corporels divers, blessures créatrices parfois de handicaps (le dernier accident en date nous ayant été rapporté est une compression du
nerf radial au cours d'une séance de kinbaku), qui se multiplient, font qu’il est indispensable de rappeler quelques principes.
Les liens autour du cou sont à prohiber tout particulièrement. La pratique du breath play (technique consistant à suffoquer pour atteindre le subspace et l'extase) est responsable d'un nombre considérable d'accidents (souvent mortels) chaque année. Ecoutons d’abord Dr Phil : Si les accidents se multiplient, c’est dû selon lui à deux facteurs principaux : d’abord, les adeptes du bondage se multiplient - et l’augmentation des accidents est quasiment mathématique. Ensuite, Internet induit souvent en erreur les pratiquants : les photos de bondage compliqués font croire à tort qu’on peut les reproduire telles quelles, alors que certaines recherches esthétiques se révèlent peu prudentes dans la réalité. Nous avons vu par exemple un site qui arrive en première page d'une recherche kinbaku dans Google qui présente des séances où les modèles portent des soutiens-gorge à balconnets. La parure est certes flatteuse, mais un principe de base lors d'une séance de bondage (si on la pratique vêtu) est d'éviter tout élément pouvant blesser : les baleines de soutien-gorge sont à mettre dans cette catégorie, de même que les fermetures éclair et les bijoux…
D’autres facteurs secondaires, ensuite, mais pas négligeables : l’ignorance de certaines règles de sécurité (que nous allons énumérer après), voire la connaissance de ces règles mais leur non observation, soit qu’on les néglige sciemment, soit qu’on se trouve emporté par l’exaltation de la séance bondage et/ou bdsm. Et il arrive, précise Dr Phil, que le soumis ou la soumise soit aussi coupable que le maître ou la maîtresse, insistant pour recevoir un « châtiment » trop insupportable ou exiger un ligotage dangereux (suspension par les seins, ou par les testicules, etc). C’est quand même du côté du maître ou de la maîtresse qu’on trouve le plus d’inconscients.
Est-il utile de rappeler que les tissus et les ligaments des seins ne sont pas conçus pour supporter une suspension ?... Si l’on parle de kinbaku, cet art est extrêmement compliqué et risqué. Ceux qui le pratiquent sans risque (ou, selon Phil en parlant de lui-même, avec le moins de risques possible et avec toutes les garanties de sécurité) ont appris et apprennent le bondage pendant des années. Depuis plus de dix ans, Dr Phil se rend tous les ans au Japon où il est accepté comme un éminent spécialiste, même s’il y va modestement pour continuer d’apprendre. Donc, attention aux prétendus « maîtres », qui vous font des suspensions ou des figures complexes en réalité mal maîtrisées.
Les règles à suivre : Règle n°1 : ne JAMAIS laisser seul/e la personne soumise lorsqu’elle est ligotée sans possibilité de se détacher elle-même.
Règle n°2 : Dans tout rapport BDSM ou séance kinbaku, ni alcool, ni stupéfiant, qui ralentissent les réflexes ou diminuent sensations ou volonté. Ceci est valable pour les maîtres/maîtresses comme pour les soumis/soumises.
Règle n°3 : convenez d’un « safeword » (mot de passe)
Règle n°4 : lors de toute séance de kinbaku, prenez à côté de vous un couteau pour couper les cordes en cas d’urgence.
Ce sont là des règles de bases. Ensuite, Dr Phil conseille plusieurs choses. Outre le fait que lui, en tant que professionnel, pose quelques questions médicales aux modèles qu’il ne connaît pas personnellement (fractures récentes, fragilités, problèmes cardiaques, etc.), il convient, dit-il, de ne pas se faire attacher le ventre vide, pour ne pas risquer le malaise de faiblesse.
D’autre part, si vous vous faites attacher par un « maître »(ou par votre copain qui veut « essayer), demandez-lui pour commencer de vous faire un bondage simple, basique. S’il refuse, tournez les talons. S’il accepte, vous sentirez qu’il appuie ou non sur les endroits dangereux (une corde autour du cou ? Hurlez et carapatez-vous! Les poignets serrés ? Lamentable !) ou que l’un de vos membres ne vous semble plus irrigué, etc. Ne commencez en tout cas jamais par le laisser vous faire une suspension ou une immobilisation totale.
Enfin, si vous voulez vraiment progresser dans le bondage, prenez des cours ! Et si vous prenez des cours, ne vous considérez pas comme un « nawashi » (maître) au bout de deux mois… Sinon, nous vous l’avons déjà dit, contentez vous de menottes toutes faites, et autres, tout en respectant les consignes de sécurité générales. Mesdames, messieurs, cela étant dit, faites vos jeux.
article © nouvellestentations.comPour en savoir plus sur le kinbaku :