Nous avons déjà écrit, dans nos colonnes, tout le bien que nous pensions de La Fistinière, ravissante maison de campagne réservée aux plaisirs gays, qui vaut autant par la qualité de ses hôtes que par ses installations.
François Mallet, le cofondateur des lieux, vient de publier un livre, «
La Fistinière - Sous ma belle étoile », qui nous a enchanté. Et disons-le et répétons-le, nous sommes libres de nos avis, même quand nous jugeons des personnes que nous apprécions beaucoup !
Vous ne trouverez dans ce livre ni descriptions érotiques, ni récits crus de soirées gay, ni conseils techniques sur le « fist-fucking ». Rien de tout cela, mais bien d’autres choses, drôles, émouvantes, étonnantes : la vie de François Mallet et son parcours de jeune garçon grassouillet, mal dans sa peau, se sachant homosexuel depuis son plus jeune âge, subissant les moqueries de ses camarades imbéciles (« Cet âge est sans pitié », disait Cocteau), sauvé par l’arrivée en classe d’un jeune garçon totalement « folle », Christophe, qui assumait sa nature et répliquait à ces mêmes imbéciles.
Vous aurez quelques sourires, vous rirez aussi franchement, vous serez touchés par le chemin que prend le jeune François, protégé – ainsi termine-t-il chaque chapitre- par sa bonne étoile. Devenu un homme mince et séduisant, homosexuel affirmé, il montera une entreprise de robes de mariées qui deviendra florissante. Puis, son entreprise cédée, il aura l’idée, avec son grand amour, Juan Carlos, d’une maison d’hôte gay dédiée au Fist et aux plaisirs SM. Juan Carlos, venu de Colombie, s’est d’abord marié – ça ne s’invente pas – avec une femme androgyne et hétéro seule acceptée dans les soirées hard gay parisiennes ! La description du mariage est à hurler de rire.
Au cours des événements (ceux que nous venons de décrire rapidement et ceux qui vont suivre – la galère physique, financière, morale due aux travaux dans cette magnifique bâtisse ancienne mais en ruines, les doutes et la dépression de François, l’installation, l’ouverture, le succès enfin de la Fistinière, connue internationalement), François évoque des êtres remarquables : Juan Carlos, bien sûr, volontaire, aimant, solide, Nelly, la sœur merveilleuse (et toujours présente sur les lieux aujourd’hui), mais aussi les parents de François, qui ont accepté l’homosexualité de leur fils (même si François nous décrit le choc initial qui secoua sa mère), mais l’ont aidé de manière indéfectible dans tous les moments difficiles. N’oublions pas le maire et les habitants des Amelots, petite bourgade agricole dont tout cliché aurait pu nous faire penser qu’ils auraient hurlé à la mort.
Que nenni !
On le voit, ce texte dont la lecture est vraiment à recommander est un livre d’amour et de tolérance, qui ne tombe cependant jamais dans la mièvrerie et le sentimentalisme naïf. François porte un regard plein d’humour et de discernement sur son parcours pour le moins atypique. Il nous parle, nous l’écoutons, nous nous sentons proches de lui.
La Fistinière - Sous ma bonne étoilede François Mallet
17 €