Passionnant ouvrage remarquablement écrit par deux auteures, Julie-Anne de Sée et Vera Mar, qui nous proposent, toujours à bon escient, de découvrir les récits ou opinions de nombreux adeptes ou analystes : que ce soit par des témoignages, parfois crus, par les remarques de psychiatres, psychanalystes, sociologues ou… dominatrices (souvent très pertinentes, et pour cause), vous apprendrez tout sur la soumission masculine – et sur le sadomasochisme chez les soumis - en ayant souvent l’esprit tourné vers la culture, la philosophie et la poésie. Exemples ? Dans la première partie consacrée au désir de soumission chez l’homme et au plaisir qu’il en reçoit, et après une passionnante histoire de la « domination féminine » renversée par les dieux et les hommes (Lilith éjectée au profit d’Ève, entre autres), Julie-Anne de Sée illustre judicieusement l’analyse de ce mâle (mais oui !) désir de soumission en faisant appel à un Jean-Jacques Rousseau dont on sait qu’il avait été marqué, dans le bon sens, par une fessée donnée par Mademoiselle Lambercier. « …car j’avais trouvé dans la douleur, dans la honte même, un mélange de sensualité qui m’avait laissé plus de désir que de crainte de l’éprouver derechef par la même main », ou encore un Gérard de Nerval poursuivant sans succès la comédienne et chanteuse Jenny Colon, qu’il va déifier (déessifier n’existant pas) dans « Aurélia, le rêve et la vie ». Nous avons même droit à un détour vers Musil et son héros Ulrich (« L’homme sans qualités »). Un tantinet pédant, nous diront certains ? Notre réponse est que, surtout par les temps qui courent, il vaut mieux trop de culture que pas assez et plus d’intelligence que de bêtise. La deuxième partie, écrite par Vera Mar, est de la même qualité, tant sur la forme que sur le fond. Si l’on peut se permettre cette expression, nous arrivons « dans le dur ». Masochisme, douleurs, pratiques extrêmes ou annexes, telles la sissification ou la « féminisation agie ». Toutes les pratiques sont évoquées, expliquées, souvent suivies de témoignages : Shibari, urophilie, pénétration par des objets, piercings, voire des jeux plus dangereux comme les suffocations, par « noyade » ou par étouffement dans un sac, etc. Le soumis atteint ce qu’on appelle le « subspace » grâce à l’humiliation, l’avilissement ou la douleur. Ou un mélange des trois. Excellent ouvrage, donc, qui nous apprend, nous surprend, et nous aide à comprendre.
« Paysages de la soumission masculine »
par Julie-Anne de Sée et Vera Mar
160 pages - 14 euros
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Article " Paysages de la soumission masculine " ©nouvellestentations.com
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