Que fait la peau lisse ? Pas que du bien, loin de là, nous dit Stéphane Rose. Dans un ouvrage aussi intelligent que nécessaire, il défend, à travers le poil pubien en particulier, la diversité – et donc la liberté, mise à mal par les diktats prétendument hygiénistes ou esthétiques. Nous sommes à 100% d'accord avec lui. De nos jours, on s'épile ! On doit s'épiler, question de respect ! Et même, pour ne pas être ennuyé par cette horrible période de repousse, on doit s'épiler définitivement.
Stéphane Rose dresse un tableau effrayant de cette dictature de l'épilation intime qui, en martelant ses slogans " nazillards ", crée une armée de glabres fiers de l'être et qui décrètent que celle qui ne l'est pas " ne se respecte pas ou ne respecte pas son partenaire ".
Où vont-ils trouver de telles âneries ?
Dans l'économie cosmétique, d'abord, qui génère plus de 1,8 milliard de dollars de chiffre d'affaires. Cette économie est relayée par la presse féminine et la presse people que Stéphane Rose décrypte brillamment : " Presse people et pornographie partagent d'ailleurs un but commun : exciter en montrant. Dans le cas de la pornographie, le but est l'excitation sexuelle, dans celui de la presse people, l'excitation sociale (…) ".
Les libertins purs et durs, jamais en retard en ce qui concerne l'étroitesse d'esprit, refusent dans leurs petites annonces toute forme de poils : " barbus, poilus s'abstenir ". Et associent le poil à la vulgarité.
Vulgaire, " L'origine du monde " de Courbet ?
Venant de ceux qui fréquentent des clubs où la muflerie est monnaie courante et proposent sur Internet des photos d'eux-mêmes d'une trivialité confondante, l'affaire peut passer pour comique.
Stéphane Rose s'en amuse, certes, mais son rire est aussi un cri d'alarme : l'uniformisation touche nos rapports intimes ; la pensée unique atteint notre vie sexuelle ; les normes esthétiques nous envahissent.
Ce n'est même plus l'horrible " dress code obligatoire " de certains SM, c'est le " body code obligatoire ". Rose, d'ailleurs, n'est pas contre un sexe féminin glabre. Il est contre tout impératif catégorique.
Avez-vous remarqué que les libertaires sont rarement kantiens ? Oui ? Non ? En tout cas, Stéphane Rose, d'une plume extrêmement précise (un vrai régal à lire) nous présente un ouvrage qui, tout en traitant le sujet du poil et de son absence exigée, dépasse son propos pour nous donner une petite leçon de liberté. Il finit néanmoins par une notre optimiste, ne fût-ce qu'en citant la jolie Laetitia Casta : " Vous allez voir: ça va revenir à la mode, les poils. Elles vont être bien emmerdées, celles qui se sont fait épiler définitivement. " Libertaires de tous les pays, reprenez du poil de la bête. Fuyez les raseurs de l'esthétique et du sexe. Et pour commencer, lisez Stéphane Rose !
Défense du poil
Contre la dictature de l'épilation intime
Collection L'attrape-corps - La Musardine
96 pages - 10,90 €
Qui est Stéphane Rose ?
(Extrait de la quatrième de couverture) Journaliste sur des supports variés (de Tecknikart au Figaro Madame en passant par l'Écho des Savanes et Jeune & Jolie), co-auteur de la cérémonie des Gérard sur Paris Première, auteur en littérature jeunesse (Le Kit de l'école du rire,Le Kit de l'épouvante chez Milan Jeunesse) et en littérature tout court ( Pourvu qu'elle soit rousse , L'Archipel, septembre 2010), cofondateur du Prix de L'Inaperçu, fondateur du webzine L'Autre Sexe et directeur de la collection " Osez 20 histoires de sexe " (La Musardine), Stéphane Rose multiplie les casquettes. Dans l'intimité, il confie volontiers que celle d'essayiste du poil est sa préférée.
Soirée signature à La Musardine : Stéphane Rose (au premier plan) et Olivier Bessard-Banquy (auteur de Sexe et littérature aujourd'hui)
Photos © nouvellestentations.com
Article " Que fait la peau lisse ? - Défense du poil de Stéphane Rose " © nouvellestentations.com
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