Amusante question qui transparaît au travers des forums ou des articles sur la libération sexuelle contemporaine. Si l'on se réfère à l'homme des cavernes, on pourrait dire que le coït animal s'est transformé peu à peu en coït plus élaboré, et que l'érotisme s'est développé avec un langage plus complexe, le langage comprenant la parole, les gestes et le comportement. Oui, en ce sens, il y a progrès. Les avancées en psychologie - que Michel Onfray nous pardonne, mais Freud y est pour quelque chose – ont libéré les hommes et les femmes de quelques tabous, qu'ils soient sociaux ou religieux. En premier, une révolution : on ne fait pas l'amour uniquement pour procréer.

Ensuite, la masturbation n'est plus condamnable, la fellation ou la sodomie ne sont plus réservés à d'épouvantables pécheurs ou pervers. Pour ce qui concerne les perversions sexuelles non pénalement condamnables, psychologues ou psychanalystes nous déclarent qu'elles sont partagées par bon nombre d'entre nous.

L'homosexualité et la bisexualité n'apparaissent plus comme des maladies : ce sont des choix sexuels qui s'imposent à celui ou celle qui les font, sans qu'il y ait une quelconque thérapie à suivre, ou un jugement moral à porter. Les fantasmes, n'en parlons pas : aussi obscènes soient-ils, ils sont non seulement acceptés, mais encore considérés comme bénéfiques par leur effet soupape.

Si l'on parle de " mode échangiste " ou de " mode sadomasochiste ", c'est à notre avis à tort : l'échangisme, les amours plurielles, le sadomasochisme sont des tendances naturelles ou des désirs acquis au fil des années, et qui ont été bridées durant des siècles (elles apparaissaient sous d'autres formes, d'ailleurs, tels les viols, les tortures ou les harems, etc.) Aujourd'hui, elles sont admises. Donc, partagées par un nombre de plus en plus grand.

Que dire de la médecine, qui autorise les personnes âgées, malades ou simplement fatiguées à continuer d'avoir une vie sexuelle grâce à des produits révolutionnaires comme le Viagra ou le Cialis ? Elle nous a également appris à mieux connaître le corps de l'homme et de la femme. Importance du clitoris, point G (même si cet élément est plus discuté), excitation de la prostate chez l'homme. Du coup, la technique elle-même évolue. Nouvelles Tentations parle beaucoup des sextoys, les décrit et en prône l'usage. Ce domaine bénéficie des avancées techniques que nous avons détaillées par ailleurs, et ces avancées permettent une précision extrême dans le plaisir.

Jouets pour le clitoris, pour le vagin, le périnée, l'anus, avec de multiples combinaisons possibles : plus on a progressé dans la connaissance du corps humain et de ses désirs, mieux on y a répondu. Donc, à notre avis, oui, il y a progrès en matière de sexualité. Que la pornographie envahissante et l'érotisation permanente des publicités ou de la culture en soit un corollaire parfois négatif n'est pas une condamnation de la sexualité. On peut se plaindre aussi de l'envahissement du sport sur nos écrans, conséquence entre autres du culte de l'exercice physique dans nos sociétés. Après tout, où est le mal ?

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